Virtuosité, poésie et cohérence
Récital Dimitris Sgouros au Conservatoire de la ville de Luxembourg
La Voix du Luxembourg - Luxemburger Wort
La dynamique «Association des Héllènes du Luxembourg», par l'organisation du concert de piano du jeune pianiste grec Dimitris Sgouros provoquait l'affluence des grands jours dans l'auditoire du Conservatoire de la ville de Luxembourg, et ceci pour un programme Scarlatti, Beethoven, Liszt et Schumann habilement agencé, combinant virtuosité, poésie et cohérence.
Le jeune virtuose (1969), aux facultés exceptionnelles, commença dès l'âge de six ans l'étude de son instrument et après avoir donné son premier récital à l'âge de sept ans et demi, il étudia au Conservatoire d'Athènes pour ensuite continuer sa formation aux Etats-Unis d'Amérique et à l'Académie royale de Musique de Londres. Depuis lors, Dimitris Sgouros poursuit une carrière brillante de soliste international.
Ceci étant, le soliste donna en guise d'introduction une des nombreuses sonates de Domenico Scarlatti. Présenté d'une manière élégante, cet «exercice» ludique mais délicat céda cependant la place a l'interprétation soignée de la célèbre Sonate no 26 op. 81 a en mi bémol majeur dite «Les Adieux» de Ludwig van Beethoven, écrite par le compositeur en 1809 au moment où les armées de Napoléon occupèrent Vienne.
Décrivant le départ, l'absence et le retour du dédicataire de l'oeuvre, l'archiduc Rodolphe de Habsbourg, ami personnel de Beethoven, cette sonate débute par la transcription musicale du mot allemand «Lebewohl» (sol, fa, mi bémol). D'après le musicologue Sir Donald Francis, «l'idée poétique ne porte pas atteinte au developpement normal du style de sonate». Au demeurant, nous pouvons affirmer que l'interprétation de Dimitris Sgouros rejoigna cette idée en soulignant que tout en rendant d'une façon admirable la poésie de l'andante espressivo, elle releva cependant dans les mouvements rapides de l'oeuvre la cohérence et l'unité propres au style de Beethoven.
La légende de Faust dans la version de Nikolaus Lenau, a inspiré Franz Liszt lors de la realisation de la première valse de Mephisto, poème symphonique mettant en exergue les qualités techniques de l'interprète. Dimitris Sgouros, en donnant cette oeuvre, a su, en se servant d'une virtuosité époustouflante, replacer le mélomane dans l'atmosphère diabolique décrite par le compositeur dans cette évocation de Faust et de Méphistophélès.
La deuxième partie de cette soirée exceptionnelle, entièrement consacrée aux Etudes symphoniques op. 13 (avec les variations posthumes) de Robert Schumann, était placée sous le signe du romantisme allemand profond. Les études symphoniques en forme de variations (1834) sont construites sur un thème de M. von Fricken et dédiées au compositeur anglais Bennett. Ici, la virtuosité est conçue comme un moyen strictement utilitaire, destiné à soulignes les effets orchestraux de l'instrument mis en exergue d'une façon admirable par Dimitris Sgouros. Cette version de la grande oeuvre d'une unité étonnante trouva son apothéose dans le final au thème martial tiré d'un opéra de Marschner.
Le récital de Dimitris Sgouros prouva une fois de plus que ce jeune virtuose grec fait dores et déjà partie des grands noms du piano.
Dean Spielmann
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